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Didomi lève 72 millions de dollars et rachète le spécialiste du tracking server-side Addingwell
Ça bouge dans le secteur martech. Le spécialiste de la gestion du consentement et de la privacy, Didomi, vient d’officialiser l’acquisition d’Addingwell, solution spécialisée dans le déploiement de technologies de tracking server-side.
Didomi a fait appel au fonds Marlin Equity Partners pour financer cette opération, via une levée de 72 millions de dollars. Dans le détail, le rachat s’effectue via un échange d’actions pour un tiers du capital, le reste en cash, et valorise, selon nos informations, Addingwell près de 23 millions d’euros.
Cela peut paraître énorme pour une société qui s’est développée un peu sous les radars (elle n’a jamais levé de fonds) mais qui a su, en réalité, surfer sur un marché plutôt juteux.
Fondé par Julien Delcroix et Romain Baert, Addingwell a développé une plateforme SaaS qui aide les marques à mettre en place des dispositifs de tracking server-side. Un modus operandi qui s’est fortement popularisé (voir cet article que j’avais écrit sur le sujet) à mesure que les limitations imposées par les navigateurs ont rendu de moins en moins efficace la méthode de tracking historique, déployée client-side.
Concrètement, Addingwell fournit une infrastructure clé en main à ses clients pour héberger Google Tag Manager server-side, le leader du secteur, et y déployer les outils d’analytics et API de conversion des grandes plateformes publicitaires qu’ils utilisent (Meta, Snap, TikTok, Google Ads…).
“Le déploiement d’une solution de tracking server-side est un sujet relativement technique, qui concerne tout acteur, petit ou grand, qui veut mesurer des événements qui se passent sur son site Web”, explique Alice Lefrand, manager data marketing chez m13H.
Le recours à un tiers, comme Addingwell, est très vite devenu la norme pour ce genre de chantier.
1° Parce que c’est financièrement accessible à tous (facturée en fonction du volume d’évènements, le déploiement de la solution est compatible avec les contraintes financières des plus petits budgets).
2° Parce que cela permet à une équipe marketing de s’affranchir de la bande passante de son équipe IT, puisque Addingwell gère tout de A à Z, du déploiement à la mise à disposition des serveurs, en passant par leur entretien.
“En France, Addingwell est devenu incontournable sur le sujet”, estime Alice Lefrand. Et de confirmer que tous les projets de tracking server-side supervisés par m13h en 2024 sont passés par la solution. “L’autre gros acteur du secteur, c’est Stape, mais on ne le voit pas trop sur notre marché”, poursuit Alice Lefrand.
Tout ceci a permis à Addingwell de construire un business florissant puisque la société, qui revendique plus de 1 000 clients, a réalisé près de 3,9 millions d’euros de revenus en 2024, avec un résultat net qui dépasse les 600 000 euros.
L’objectif du rapprochement avec Didomi, c’est évidemment de répliquer ce succès à l’international (Addingwell réalise pour l’instant 95% de ses revenus en France). Didomi revendique une présence dans 35 pays et plus de 50% de son revenu réalisé hors de l’Hexagone. Le fruit d’une stratégie d’internationalisation amorcée suite à une levée de fonds de 34 millions d’euros réalisée en juillet 2021.
“Les Etats-Unis et le Canada sont notre 3e et 4e marché”, précise l’un des cofondateurs de Didomi, Romain Gauthier, tout en confirmant l’énorme potentiel que représente l’international dans le développement d’Addingwell.
En intégrant Addingwell, Didomi se donne, de son côté,i les moyens d’adresser les départements growth/marketing, et pas seulement les legal/compliance, sa cible historique. Cela ouvre la porte à un changement de narratif : Didomi n’est plus uniquement un outil de mise en conformité, c’est aussi un levier de croissance business.
Un outil d’autant plus performant qu’il pourra profiter du savoir-faire d’Addingwell pour déployer sa solution de CMP server-side. Une configuration qui reste, à date, encore très rare, de l’avis de Romain Gauthier, mais qui permet d’optimiser la récolte du consentement. “La page se charge plus vite dans cette configuration, ce qui permet de diminuer le bounce et donc a un impact sur le taux de récolte du consentement.”
En bref, de quoi se démarquer dans un secteur qui reste assez concurrentiel. Notamment face à OneTrust, l’Américain qui a construit son leadership à coups de milliards levés mais qui, alors que la perspective d’une IPO à la valorisation vendue aux investisseurs (5 milliards de dollars !) s’annonce difficile, subit une grosse pression sur son modèle économique.
C’est la deuxième acquisition de l’histoire de Didomi, après celle, début 2022, d’Agnostik, une startup spécialisée dans le monitoring de la conformité et la protection des données. “Maintenant que nos clients collectent et distribuent la donnée server-side, on veut les aider à le faire de manière respectueuse de la vie privée”, explique Romain Gauthier.
Un argumentaire qui ouvre la porte à du cross-sell : les équipes Didomi pourront pousser au déploiement d’Addingwell et inversement. Ce qui devrait profiter à la croissance de l’activité des deux produits. “Nous n’empêcherons évidemment pas les clients d’Addingwell d’installer des concurrents de Didomi, si c’est ce qu’ils désirent”, tient à préciser Romain Gauthier.
Côté Didomi, on laisse aussi la porte ouverte à d’autres acquisitions, pour atteindre l’objectif fixé depuis le début : “devenir le leader mondial de la privacy”. On n’en oublie pour autant pas le sujet de la rentabilité, même si Romain Gauthier est surtout focalisé sur le suivi de la “rule of 40”, une règle assez prisée des éditeurs de solutions de Saas, qui stipule que le taux de croissance des revenus annuels d’une entreprise, additionné à son taux d’Ebitda, doit être égal ou supérieur à 40%. “On est dans les clous de ce point de vue.”